La danse du renard
Quand tu le vois jouer dans les feuilles des acacias ou révéler le soudain modelé d'une pommette, tu as peine à croire qu'il agonise et qu'il va demain déposer sa couronne et mourir.
Et moi je suis heureuse et dense comme une jument gravide, je porte la terre en moi autant qu'elle me porte en elle ; les voiles se dissipent aussi facilement que la fumée de ma clope, un léger décalage des yeux, une inspiration arrêtée et le monde se dévide, tournez rouets, tournez, ça file, ça tisse.
Je sais, je sais bien que tout doit disparaître pour renaître, même si je ne peux empêcher l'obscure angoisse de m'étreindre à la pensée des mois noirs à venir (note pour une prochaine vie : penser à hiberner pour ne pas avoir à subir ça).
De cette année commencée dans la plus grande des angoisses et qui se finit dans la joie, je n'ai rien à retrancher, et tout à retenir. Je pèse, soupèse, j'admire les motifs jaillissants qui se font jour et s'intrepénètrent en une danse sans fin sur le Grand Tissu : tout est bien, y compris l'anxiété sourde qui gratte à la porte.
la mort ; l'acceptation ; la bonne odeur d'un timide soleil d'hiver dans l'air ; tous ces bons livres ; les soirées autour de nombreuses bouteilles de vin ; la complicité ; le sang dans une chambre dévastée ; la couleur de la nuit ce soir-là sur un banc ; la chaude saveur rassurante de la parole ; et d'autres bons livres ; le jaillissement tant attendu du printemps ; le désir impérieux dans une salle à l'odeur de craie, ô viriditas ; un rejet aussi doux que délicieux ; d'autres flèches encore, la lumière ; des nuits entières à l'écoute de ses bruits ; des bouteilles de Gaillac fraîcheur perlée (beaucoup de bouteilles de Gaillac fraîcheur perlée) et nos rires jumeaux ; des projets à plusieurs ; des envies de déconnade sur le bout de la langue ; des coïncidences, beaucoup de coïncidences ; une paire de dés, une très grande inspiration ; un train tôt le matin, le coeur serré d'avance ; le corps qui ne suit plus, le corps qui décide ; une ville assommée de soleil ; la parole encore ; la petite serpente qui déroule ses anneaux dans mes reins ; la légèreté infinie, la désinvolture ; accepter de se mettre en danger ; la vie sauvage roulée dans la boue la mousse la fougère ; le partage ; des extases mystiques ; des extases sexuelles ; des ruisseaux ; un été de renaissance ; la vague sous la lune ; un lieu à moi, des racines ; des accrocs asynchrones ; des milliards de sms et d'heures de téléphone ; de très bons livres ; des abandons, parce qu'il le faut bien ; des regrets aussi ; la reconnaissance de la peur ; l'ouverture sur d'autres paradigmes ; un sanctuaire découvert dans la réalité après sa création dans le monde gris ; et d'autres extases, et d'autres complicités, et d'autres morts, et d'autres liens, et d'autres motifs, et d'autres renaissances à célébrer dans tous ces fils qui nous tissent au monde
Et moi je suis heureuse et dense comme une jument gravide, je porte la terre en moi autant qu'elle me porte en elle ; les voiles se dissipent aussi facilement que la fumée de ma clope, un léger décalage des yeux, une inspiration arrêtée et le monde se dévide, tournez rouets, tournez, ça file, ça tisse.
Je sais, je sais bien que tout doit disparaître pour renaître, même si je ne peux empêcher l'obscure angoisse de m'étreindre à la pensée des mois noirs à venir (note pour une prochaine vie : penser à hiberner pour ne pas avoir à subir ça).
De cette année commencée dans la plus grande des angoisses et qui se finit dans la joie, je n'ai rien à retrancher, et tout à retenir. Je pèse, soupèse, j'admire les motifs jaillissants qui se font jour et s'intrepénètrent en une danse sans fin sur le Grand Tissu : tout est bien, y compris l'anxiété sourde qui gratte à la porte.
la mort ; l'acceptation ; la bonne odeur d'un timide soleil d'hiver dans l'air ; tous ces bons livres ; les soirées autour de nombreuses bouteilles de vin ; la complicité ; le sang dans une chambre dévastée ; la couleur de la nuit ce soir-là sur un banc ; la chaude saveur rassurante de la parole ; et d'autres bons livres ; le jaillissement tant attendu du printemps ; le désir impérieux dans une salle à l'odeur de craie, ô viriditas ; un rejet aussi doux que délicieux ; d'autres flèches encore, la lumière ; des nuits entières à l'écoute de ses bruits ; des bouteilles de Gaillac fraîcheur perlée (beaucoup de bouteilles de Gaillac fraîcheur perlée) et nos rires jumeaux ; des projets à plusieurs ; des envies de déconnade sur le bout de la langue ; des coïncidences, beaucoup de coïncidences ; une paire de dés, une très grande inspiration ; un train tôt le matin, le coeur serré d'avance ; le corps qui ne suit plus, le corps qui décide ; une ville assommée de soleil ; la parole encore ; la petite serpente qui déroule ses anneaux dans mes reins ; la légèreté infinie, la désinvolture ; accepter de se mettre en danger ; la vie sauvage roulée dans la boue la mousse la fougère ; le partage ; des extases mystiques ; des extases sexuelles ; des ruisseaux ; un été de renaissance ; la vague sous la lune ; un lieu à moi, des racines ; des accrocs asynchrones ; des milliards de sms et d'heures de téléphone ; de très bons livres ; des abandons, parce qu'il le faut bien ; des regrets aussi ; la reconnaissance de la peur ; l'ouverture sur d'autres paradigmes ; un sanctuaire découvert dans la réalité après sa création dans le monde gris ; et d'autres extases, et d'autres complicités, et d'autres morts, et d'autres liens, et d'autres motifs, et d'autres renaissances à célébrer dans tous ces fils qui nous tissent au monde
Ecrit par Loutre, le Dimanche 30 Octobre 2005, 18:49 dans la rubrique Journal de bord.
Commentaires :
Bonne année ma Loutre...
Et au fait, t'as gagné, je chiale... C'est vraiment très embêtant cette prédisposition à l'émotion lacrimale à la lecture de ton année...
Rien à rajouter, la boule empêche de toute façon et puis c'est pas le lieu.