Quatre formes d'ambiguïté
Je crois que je viens enfin de comprendre ce qui me fascine tant dans les aspects verbaux en français.
C'est que je crains fort qu'ils ne varient en fonction du type de saisie sur la réalité qu'a le locuteur (à bidouiller à toutes les sauces paradigmatiques ensuite, en ingrédient principal ou en épice).
Dis comme ça c'est assez sec ; est-ce que je peux (au lieu de finir de corriger mes trois paquets, auxquels s'en sont ajoutés deux aujourd'hui) inventer un exemple qui soit parlant ?
Mettons un aspect inaccompli, du genre : quand elle parle lecture.
Qui s'oppose à l'aspect accompli : quand elle a parlé lecture.
Sommes-nous bien d'accord, ou est-ce mon cerveau en ébullition ? Quand elle parle lecture suppose aussi un aspect itératif (elle parle lecture souvent) ; alors qu'elle a parlé lecture suppose un aspect semelfectif (elle a, une fois, parlé lecture).
Bon. Ajoutez des déterminants. Quand elle parle d'une lecture / quand elle a parlé d'une lecture. Ça se précise. Ça va du moins précis quand elle parle lecture au plus précis quand elle a parlé d'une lecture, en passant par les deux autres étapes.
De ça, je suis certaine (enfin, aussi certaine que je suis puisse être certaine de quoi que ce soit, et Martin Riégel est quelqu'un que je ne remets pas en cause -- il faut avoir des certitudes, dans la vie --, (je précise que je déconne)).
Ma question est autre ; si je saisis ça instinctivement dans la conversation normale, je réagis en fonction de ce que me dit l'aspect du verbe, pas en fonction de ce que la phrase me dit. Mais 1) est-ce que je suis certaine que c'est cet aspect que l'interlocuteur a voulu mettre en valeur ? et 2) est-ce que c'est ma saisie de la réalité qui met en dehors le sens global de la phrase (parler lecture) pour privilégier l'aspect ? ou pas ? Hein ? Et 3) pourquoi diantre un aspect inaccompli et itératif me permet-il de laisser de côté l'émotion pour me consacrer au côté technique de la conversation, alors qu'un aspect accompli et sémelfectif me mettrait dans tous mes états ? (C'est ça, là, qui m'intéresse.) Evidemment il faudrait un objet qui soit un peu plus chargé émotivement que lecture, mais même avec ça, je suis sûre que ça marche.
Bon ben voilà. (Les copies maintenant, plus que dix jours de pensum).
C'est que je crains fort qu'ils ne varient en fonction du type de saisie sur la réalité qu'a le locuteur (à bidouiller à toutes les sauces paradigmatiques ensuite, en ingrédient principal ou en épice).
Dis comme ça c'est assez sec ; est-ce que je peux (au lieu de finir de corriger mes trois paquets, auxquels s'en sont ajoutés deux aujourd'hui) inventer un exemple qui soit parlant ?
Mettons un aspect inaccompli, du genre : quand elle parle lecture.
Qui s'oppose à l'aspect accompli : quand elle a parlé lecture.
Sommes-nous bien d'accord, ou est-ce mon cerveau en ébullition ? Quand elle parle lecture suppose aussi un aspect itératif (elle parle lecture souvent) ; alors qu'elle a parlé lecture suppose un aspect semelfectif (elle a, une fois, parlé lecture).
Bon. Ajoutez des déterminants. Quand elle parle d'une lecture / quand elle a parlé d'une lecture. Ça se précise. Ça va du moins précis quand elle parle lecture au plus précis quand elle a parlé d'une lecture, en passant par les deux autres étapes.
De ça, je suis certaine (enfin, aussi certaine que je suis puisse être certaine de quoi que ce soit, et Martin Riégel est quelqu'un que je ne remets pas en cause -- il faut avoir des certitudes, dans la vie --, (je précise que je déconne)).
Ma question est autre ; si je saisis ça instinctivement dans la conversation normale, je réagis en fonction de ce que me dit l'aspect du verbe, pas en fonction de ce que la phrase me dit. Mais 1) est-ce que je suis certaine que c'est cet aspect que l'interlocuteur a voulu mettre en valeur ? et 2) est-ce que c'est ma saisie de la réalité qui met en dehors le sens global de la phrase (parler lecture) pour privilégier l'aspect ? ou pas ? Hein ? Et 3) pourquoi diantre un aspect inaccompli et itératif me permet-il de laisser de côté l'émotion pour me consacrer au côté technique de la conversation, alors qu'un aspect accompli et sémelfectif me mettrait dans tous mes états ? (C'est ça, là, qui m'intéresse.) Evidemment il faudrait un objet qui soit un peu plus chargé émotivement que lecture, mais même avec ça, je suis sûre que ça marche.
Bon ben voilà. (Les copies maintenant, plus que dix jours de pensum).
Ecrit par Loutre, le Mardi 16 Mai 2006, 21:15 dans la rubrique Journal de bord.
Commentaires :
Re:
Entre toi, grandiose Loutre, et Mikado et ses commentaires fins comme dentelles, je m'avoue aussi percutante que ton lapin... c'est mon ricoré-au-lait du matin ou bien ? sss'ça se trouve je suis pas faite pour lire des trucs de prof de français : )
Re: Re: Re:
D'ailleurs Mikado, mon cher Mikado, quatre personnes au moins m'ont demandé qui tu étais :). Je veux dire : on se connaît vous et moi ? ;)
Re: Re: Re: Re:
Non, madame Loutre. Je passe te lire de temps en temps. J'aime ta sincérité. Voilà, c'est tout. :-)
Elle répand le sel, écrase son mégot et demande l'addition. Il pleut, en général - ou alors, au milieu des rues, elle poursuit un chat jaune qui sautille aussi prestement qu'un reflet de lune. On l'attend là-bas, c'est à dire que son absence ferait événement - comme un train vespéral dont la défection réveille les riverains.
Quand elle répandit le sel, elle sentit une inflexion subreptice de la marche du monde. Non qu'il fut penché, ou moins confus que d'habitude. Elle comprit, après un considérable effort, qu'elle avait répandu le sel de la main droite. Elle ne fumait donc pas, à cet instant précis, et n'en ressentait aucun désir. Elle voulut sortir ses cigarettes. Ses doigts butérent sur l'ouverture "clic-clac" d'un sac en forme d'outre pyrénéenne, pendu à son épaule - qu'elle était bien certaine de n'avoir jamais vu.