Queen of the Ice Cubes, # 7
Incapable de dire si ses yeux sont verts, gris, ou s'ils tirent sur le bleu. Pailletés d'or oui et pas qu'un peu, et la Déesse seule sait combien de fois j'ai usé ce cliché -- jusqu'à la trame. Mais leur couleur ?
So what ? Je déteste voir ma Reine des Glaces fatiguée, les traits tirés, elle a encore perdu quelques kilos qu'elle aurait dû garder, elle a coupé ses cheveux un peu, son sourire me réduit à l'état de méduse et... bah je suppose -- notez bien ici que jamais je n'ai rêvé de sortir/vivre avec elle non ce serait trop facile -- je suppose qu'on se ressemble trop pour partager autre chose que l'improbable et l'évanescent, n'empêche, c'est Elle dans toute Son Immense Grandeur et je l'aime -- autant que faire se peut c'est-à-dire trop peu et mal, ce qui n'est pas plus mal compte-tenu des circonstances.
Remontées mémorielles bien involontaires, c'est qu'il y a cinq ans à passer en revue, le filtre de la pensée à mes phrases puis celui des phrases à mon clavier alors on se contentera de peu il est inutile d'ailleurs d'oser vouloir davantage, la complétude bah, laissez ça aux accros de ce qu'ils appellent bonheur.
Elle donc, de gris vêtue veste épaulée assez longue, traversant la cour du collège de B. il y a cinq ans, l'allure martiale et le sourire grand comme ça. Et alors donc la subordonnée c'est que je guette son arrivée à la fenêtre de la salle 16 eh bien la subordonnée est un euh truc qui sert à enchâsser principalement des... bon, on va passer à autre chose.
Elle en conseil de classe à côté de moi, me glissant des trucs assez déconnants en anglais à l'oreille.
Elle en réunion toujours à B., émettant les propositions les plus farfelues du monde avec un air si sérieux qu'il était impossible de sourire.
La dernière réunion fin juin, son regard sur moi assez... étrange, quoi, tu veux savoir si je pleure ? oui à l'intérieur, quoique ça s'entende assez bien pour peu qu'on prête attention à mes paroles.
Elle au volant émettant la plus longue liste de jurons prononcée par un humain. La même sur le point de pulvériser une barrière en métal qu'elle n'avait quoi, ben pas vue.
Ses regards approbateurs sur l'Ourse glissant sur les coups d'œils mortels et ravageurs de la même.
Elle en sous-vêtements trempée, les chaussettes à la main l'air de ne plus être au monde.
A la même époque, le goût du génepi bu avec elle. Réflexe pavlovien, plus jamais je ne pourrai boire de génepi sans me retrouver en pensée avec elle, heureusement la boisson est assez peu commune à Paris, disons et heureusement que ça se commande moins facilement qu'un demi.
;Une discussion cailloisesque (?) (cailloienne (?))avec elle sur les pierres, curieusement détachée de tout, sortie du néant, au soir de douze heures de marche.
Ça ne m'a jamais réellement gênée le fait d'être certaine qu'il ne se passera jamais rien entre nous, c'est un amour imaginaire 100 % pure laine et franchement ça fait des années que pas le moindre fantasme n'a passé la barrière de ma conscience. (Peut-on dire ça ? Non. Mais quoi, c'est assez calme sur le front du fantasme polaire). Evidemment (saloperie de démon, fous le camp) on ne peut jurer de rien ; que ça ne m'ait jamais rendu malheureuse, non. J'ai un souvenir très euh... désagréable de juillet 1999, je me rappelle avec beaucoup d'acuité la forme-même de son absence, je me rappelle aussi avoir beaucoup tourné en rond avec des pigments, des plumes et de l'acrylique. Mais cinq ans plus tard, j'apprécie que ce soit juste l'une des seules constantes de ma vie que je ne tiens pas à remettre en cause. Ça suffit. Elle existe et sa seule existence éclaire la mienne, point. (Zeb écoute donc ça).
Ecrit par Loutre, le Dimanche 12 Octobre 2003, 02:01 dans la rubrique Journal de bord.
Commentaires :
Zeb
13-10-03
à 10:02
J'aimerais tant avoir la sagesse d'une Loutre et passer des A(mours) R(atés) aux A.I.
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Re:
Oui mon bon (ça t'énerve hein ?) Zeb, mais tu es particulièrement atteint, alors, ça prendra juste un peu plus de temps... Nul doute que tu y arriveras.
Ce n'est pas une question de sagesse hein ! Du pragmatisme, rien de plus. Pour une fois...
Ce n'est pas une question de sagesse hein ! Du pragmatisme, rien de plus. Pour une fois...