On s'était dit rendez-vous...
Que j'aime ces longues soirées d'été... les balcons accueillants des amis... N'empêche, ce soir, c'est relâche chez Loutre. Ce soir, je dors ! Pourtant je ne fais pas grand chose de mon temps en ce moment, c'est-à-dire surveiller le bac et beaucoup lire, donner quelques cours de rattrapage et beaucoup lire, rêver peut-être.
Je suis... comment expliquer ça... surveillante de couloir. Dame-pipi, quoi. Celle qui accompagne les candidats aux toilettes et vérifie au bruit s'ils sont en train de faire ce qu'ils sont censés faire, et pas passer des mini-messages sur leur portable... Accessoirement, je réconforte les candidats en larmes et même, je refile des kleenex. Ce qui m'est arrivé ce matin, puisque le sujet de maths en série S était une saloperie de la plus belle espèce, aux dires de mes collègues de cette matière, qui ont avoué avoir des difficultés à résoudre certains exercices. Comme j'ai un peu tendance à faire l'éponge avec les émotions des autres, j'ai pris de plein fouet les larmes de ces gamines effondrées, et j'aimerais rappeler à mes collègues et aux IPR/IA qui ont fabriqué ces sujets qu'il ne s'agit pas de coller les candidats. Eh les gars ! (peu de chance pour qu'ils me lisent)… C'est pas comme ça qu'on les aura, nos 80 % !
Si je relis mon journal de l'année où je passais je bac (on était, mes enfants, au tout début du néolithique et on se préparait à inventer en un temps record l'agriculture et la domestication des poulets...) (oui, j'ai fait ça il y a trois jours ; ça me prend une fois tous les dix ans, histoire de voir -- relire mes vieux carnets, je veux dire, pas inventer l'agriculture), si donc je patati, j'apprends que le 14 juin j'ai failli casser la gueule à mon petit ami de l'époque (ce salaud...*) qui était davantage l'idée que lui se faisait d'un petit ami, c'est-à-dire qu'il passait me sauter (bien, reconnaissons-lui cela) quand il en avait envie lui. Que, le 16, j'ai vu Furyo au cinéma (ceci pour vous donner une petite idée de mon âge avancé), que Bowie était évidemment superbe, que je passais mon temps au lycée au lieu de réviser pour essayer de voir le fameux L., que j'avais l'épreuve d'Allemand deux jours plus tard, que je ne savais pas si j'étais acceptée en lettres sup, et que j'attendais le résultat d'un concours de poésie. Quelques (hum...) années plus tard, j'attends beaucoup moins, en tous les cas personne, je continue à trouver Bowie superbe, je ne sais plus un mot d'Allemand et quoi... je continue à passer ma vie au lycée ! Mais plus sérieusement, je n'ai pas la moindre nostalgie de mon adolescence ! Pour rien au monde je ne voudrais revivre ça. Quand je pense qu'il y a des gens qui se souviennent de leurs 17 ans comme d'une période d'insouciance, je me demande si on vit sur la même planète...
* Salaud qui m'appelle quand même tous les trois-quatre ans grosso modo, pour m'annoncer son mariage, la naissance successive de ses enfants, puis son divorce, puis sa solitude... puis le fait qu'il aimerait bien me revoir…ben ouais mon gars... assume. Quand je me demande si j'ai réussi ma vie ou pas (ça arrive à certaines personnes à partir d'un certain âge), je pense à la sienne et tout à coup, je me trouve pleine de charme et de vitalité, voire bien conservée, et je me mets à adorer la vie que je mène.
* Salaud qui m'appelle quand même tous les trois-quatre ans grosso modo, pour m'annoncer son mariage, la naissance successive de ses enfants, puis son divorce, puis sa solitude... puis le fait qu'il aimerait bien me revoir…ben ouais mon gars... assume. Quand je me demande si j'ai réussi ma vie ou pas (ça arrive à certaines personnes à partir d'un certain âge), je pense à la sienne et tout à coup, je me trouve pleine de charme et de vitalité, voire bien conservée, et je me mets à adorer la vie que je mène.
Ecrit par Loutre, le Mardi 17 Juin 2003, 22:35 dans la rubrique Journal de bord.