Fuites
14 mai. Mercredi. Non, finalement, je ne le ferai pas, ce rituel. J’attendrai de savoir, sans impatience, où ils ont m’envoyer. Et je boirai longuement, sans en perdre une goutte, ce filtre forcément peu agréable. Ça fait trois semaine que je le prépare et je ne le ferai pas ! ! ! Je fêterai ma Dame de la Lune soigneusement, avec application. Je me oindrai de cette fabuleuse huile qui décante actuellement, menthe cannelle muscade sauge lavande verveine, je ferai brûler ces mêmes herbes que j’ai longuement pilées ce soir, je réciterai l’obstination des arbres, je ferai ce que je fais toujours et je ne ferai pas ce putain de rituel. Plus envie. Ça m’a prise cet après-midi. Essayé de dormir, voir un peu ce que ça donnait… et lentement, désespérément comme si j’allais à la mort : non. Nausée subtile, puis franchement : non. Non. Non non non non non. Nettement, définitivement. M’en fous. Tant pis.
Est-ce cette conversation avec Ourse hier soir qui m’a remuée ? Bah… nous ne nous sommes pas dit plus — ni moins — que nous ne nous disons d’habitude… que nous sommes liées. Qu’on essaie de vivre autre chose (et qu’on y arrive ni l’une, ni l’autre). La première qui y arrive a gagné quoi ? L’autorisation d’y croire quelque jour ? Ça avait mal commencé. Mauvaise humeur, déconnection. Je me suis mise à bosser (bien) pendant qu’elle regardait la télé et l’espace d’un instant… ah mes amis ! comme avant hein ? Sauf au moment où son téléphone a vibré. Je devine toujours, je devine encore ! Devrais me faire voyante par téléphone moi :) ! Tronché plus que vaguement… Mais oui mon Ourse, je sais que tu te me dis que tu n’en as plus rien à foutre. Et je sais aussi que tu ne me reconnaîtrais plus si je te racontais vraiment ce que je fais de ma vie en ce moment. N’empêche hein ? Qu’est-ce que ça peut m’énerver ! On a parlé de nous. Tu m’a redemandé un rendez-vous pour l’année prochaine. Et on s’est encore dit qu’on vivra ce qu’on aura à vivre (en ce qui me concerne, ça semble mal barré :( ). Mais toi hein ? Fonce ma grande, (dis-je alors que je pense tout le contraire) tu es jeune, belle, ne te laisse pas engluer par ton boulot, par ta mini-dépression, la première de ta vie (Ourse ! ne fonce pas ! Attends-moi !).
Ou alors… je me suis rendue compte que je n’aimais pas tellement les gens là-bas. Que j’allais perdre une ou deux début d’amitié, quelques heures où je me suis prise au jeu et où j’ai timidement touché ce qu’était le feu sacré. Bah…
Et puis… CHANGER D’AIR. Voir d’autres acacias. Rencontrer des glycines (mystère 2003 : pourquoi n’y a-t-il pas de glycines sur le chemin? Les douze minutes pendant lesquelles je passe de la gare à mon lieu de travail sont enchanteuses. Je nomme. Quatre matins par semaine, je nomme : bonjour marronniers obstinés, bonjour acacia qui penche un peu tes fleurs pour que je puisse les effleurer, bonjour à nouveau marronniers, bonjour gui, arrête d'étouffer les autres, bonjour fusains verts, bonjour fusains du Japon au mouchetures jaune argenté, bonjour énormes roses radioactives ! Mais pas de glycine !
Et enfin… j’ai peut-être enfin atteint le moment de l’année où je ne supporte plus de vivre dans un monde adolescent. Je cache mon jeu mes enfants, je me marre, fais de subtiles remarques et d’autres moins subtiles, utilise toutes les ressources de la démagogie pour que vous me regardiez, suspendus à mes lèvres, vous balance des anecdotes croustillantes, mais votre cruauté envers vous-même me rend malade. Et le vide, derrière, quand je pense à autre chose… Abandonner — que dis-je — être exilée … ben… c’est pas ça qui risque de me changer. C’est le contraire qui risquerait plutôt de me poser problème ! Je repense seulement à l’instant que mon 48e ou mon 96e de sang gitan s’agite ! Et le reste freine de mes quatre griffes de loutre. Le reste s’enracine profondément — trop souvent. Un jour, j’ai posé mes valises. Mais ce sera pour une autre fois. Pour le moment :
Tant pis pour ce rituel sur lequel je travaillais depuis trois semaines. Quelle bonheur ça a été ! Recherche des correspondances les plus adéquates, virée bougies, virée cristaux, virée herboriste, hasard objectif qui me fit trouver cette petite branche de pin… Notes fiévreuses, préparation… pilage des herbes… préparation des encens, de l’huile… Et sans compter le jour où, en douce, je me suis faufilée pour aller en douce ramasser de la terre de ce lieu que j'aime et dans lequel j’ai souhaiter rester. Non. Voie interdite clairement. J’attends en vain un signe qui me dirait vraiment pourquoi. Me sentir mal, hésiter, avoir la nausée, me renfermer depuis trois semaines, et deux fuites dans l’inexplicable depuis hier. Mettons que ce soit comme mon huile lavande cannelle menthe etc. c’est dans le filtre et j’attends que ça coule clair !
Ou alors… je me suis rendue compte que je n’aimais pas tellement les gens là-bas. Que j’allais perdre une ou deux début d’amitié, quelques heures où je me suis prise au jeu et où j’ai timidement touché ce qu’était le feu sacré. Bah…
Et puis… CHANGER D’AIR. Voir d’autres acacias. Rencontrer des glycines (mystère 2003 : pourquoi n’y a-t-il pas de glycines sur le chemin? Les douze minutes pendant lesquelles je passe de la gare à mon lieu de travail sont enchanteuses. Je nomme. Quatre matins par semaine, je nomme : bonjour marronniers obstinés, bonjour acacia qui penche un peu tes fleurs pour que je puisse les effleurer, bonjour à nouveau marronniers, bonjour gui, arrête d'étouffer les autres, bonjour fusains verts, bonjour fusains du Japon au mouchetures jaune argenté, bonjour énormes roses radioactives ! Mais pas de glycine !
Et enfin… j’ai peut-être enfin atteint le moment de l’année où je ne supporte plus de vivre dans un monde adolescent. Je cache mon jeu mes enfants, je me marre, fais de subtiles remarques et d’autres moins subtiles, utilise toutes les ressources de la démagogie pour que vous me regardiez, suspendus à mes lèvres, vous balance des anecdotes croustillantes, mais votre cruauté envers vous-même me rend malade. Et le vide, derrière, quand je pense à autre chose… Abandonner — que dis-je — être exilée … ben… c’est pas ça qui risque de me changer. C’est le contraire qui risquerait plutôt de me poser problème ! Je repense seulement à l’instant que mon 48e ou mon 96e de sang gitan s’agite ! Et le reste freine de mes quatre griffes de loutre. Le reste s’enracine profondément — trop souvent. Un jour, j’ai posé mes valises. Mais ce sera pour une autre fois. Pour le moment :
Tant pis pour ce rituel sur lequel je travaillais depuis trois semaines. Quelle bonheur ça a été ! Recherche des correspondances les plus adéquates, virée bougies, virée cristaux, virée herboriste, hasard objectif qui me fit trouver cette petite branche de pin… Notes fiévreuses, préparation… pilage des herbes… préparation des encens, de l’huile… Et sans compter le jour où, en douce, je me suis faufilée pour aller en douce ramasser de la terre de ce lieu que j'aime et dans lequel j’ai souhaiter rester. Non. Voie interdite clairement. J’attends en vain un signe qui me dirait vraiment pourquoi. Me sentir mal, hésiter, avoir la nausée, me renfermer depuis trois semaines, et deux fuites dans l’inexplicable depuis hier. Mettons que ce soit comme mon huile lavande cannelle menthe etc. c’est dans le filtre et j’attends que ça coule clair !
Ecrit par , le Jeudi 15 Mai 2003, 01:00 dans la rubrique Journal de bord.