De l'importance des outils
Il y a une phrase que j'adore dans Mars la verte, au tout début du roman, qui est : (c'est Nirgal qui parle de Nadia) "... Ou encore la Gentille Sorcière, vieille et moche, et alors ils seraient libres à l'extérieur pour tout le reste de la journée et ils pourraient s'en donner à cœur joie avec les outils." S'en donner à cœur joie avec les outils. C'est exactement ce que j'ai fait les dix-huit derniers jours, me vengeant par-là de toutes ces années d'enfance où j'ai voulu un établi que je n'ai jamais pu avoir. Couper, creuser, poncer... j'en ai encore des courbatures dans les poignets et des bleus un peu partout, mais quel plaisir que de tenir une scie électrique bien lourde dans ses mains, ou de maîtriser une ponceuse ! Joie que de varier la pression sur un ciseau à bois, ou de mettre toute sa force dans un coup destiné à évider un nœud particulièrement résistant. Je ne sais ce qui me fascine le plus dans l'histoire : m'arroger un domaine traditionnellement masculin ou tenter de maîtriser la matière ? L'un ne va peut-être pas sans l'autre. Et le temps s'abolit ainsi, s'envolant dans la virevoltante danse des copeaux sous le flot de l'air, au gré de ma méditation. Jambes croisées et mains occupées, le corps et l'esprit s'alignent exactement dans un flux hors du temps.
Ecrit par Loutre, le Dimanche 3 Août 2003, 15:54 dans la rubrique Journal de bord.
Commentaires :
Re:
Ah... ça va être moins manuel d'ici à qq jours, et je n'ai pas bricolé les trois dernières semaines, puisque j'ai élevé deux chatons... Ravi en tous les cas de constater que je ne suis pas la seule à me concentrer efficacement en faisant autre chose. Y'a à creuser là-dedans hein !
Au fait, ravie de te retrouver, ici et ailleurs, la Loutre !! (je sais, j'ai un train de retard mais j'arrête de ramer car j'attaque la falaise)
Llunet.