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"Tout l'automne à la fin n'est plus qu'une tisane froide"
OS 10.2 installée il y a deux jours, et mise à jour en 10.2.8 hier soir. Ok. Bon. C'est beau. Mais c'est long bon dieu. Ce nouveau système est poussif (bon, d'un autre côté, ça se résoudrait vite avec une ou deux barrettes de ram en plus, alors chut). Quand même, j'adorais OS 10.1 parce que j'avais l'impression d'être au volant d'une très jolie et très nerveuse voiture de sport (arrêter certaines analogies quand on n'a pas son permis...) Safari ? Design, très design... Mais bon, le métal brossé, on a le droit de s'en lasser vite. Je le préfèrerais plus aérien, je ne sais pas, quelque chose de carrément révolutionnaire en matière de texture... du nuage, de la gaze ou de l'eau. A part ça ? Eh bien, miracle de la technologie, je peux maintenant voir 80 % de ce que je télécharge -- peut-être même davantage mais ne tentons pas Eris -- grâce en soit rendu à la maj de quicktime et quelque chose a dû se débloquer aussi dans Windows Média Player. Alors maintenant j'ai et le son et l'image ! Wah c'est trop pour une petite loutre, je vais mourir. J'ai le son !!! (9 mois que je regardais 40% de mes quicktimes et bien 50 % des autres avec seulement l'image). Quand même le son, ça ajoute vachement de sens à des images animées, y'a pas à dire. (Compréhension de l'américain moyen pas encore tout à fait au point, mais on y travaille). Pas encore essayé Real Player. Sinon les signets sont assez emmerdants à gérer, mais je ne doute pas que j'y arrive un jour. Bizarre, tout de même, d'avoir ses préférés en haut et non plus à gauche. Bizarre aussi de ne pas regarder à gauche. Bizarre en fait de ne pas avoir de fenêtre du tout à gauche. Impression d'avoir une toute petite partie de mon système de pensée qui a changé de place (question de localisation inconsciente...*) Il en est ainsi des mises à jour majeures du système ou de logiciels : on hésite toujours un peu entre une attitude franchement enthousiaste et bon public assez beauf et un dédain mâtiné de retrait, qui semble un peu réac. Et la Déesse seule sait à quel point j'ai souffert en passant à OS 10, et souffert sans me plaindre ! (Ai-je fait passer un seul post sur le sujet ? Nan !) J'ai tout avalé gentiment, en ayant le sentiment que ça allait changer jusqu'à ma manière de penser et je n'en ai parlé à presque personne. Nouveau i-Tunes, i-Movie et nouveaux carnets d'adresse : changement de couleurs, de petites choses amusantes mais pas de tremblement de terre. Idem pour Mail, qui ne change tout de même pas dramatiquement. De toute façon je n'ai pas tout vu, il faut que j'aille fouiller dans le disque pour voir ce qu'"ils" (!) m'ont installé (qu'est-ce que je peux détester ça, d'avoir un dossier système réduit à sa simple expression, d'être passive, de ne plus décider des installations !) Encore quelques points d'exclamation et je vais vous expliquer à quel point les tableaux de bord, les extensions et les préférences me manquent, de même que leur gestion pour le moindre délicate, qui laissaient la part belle à l'entropie pure et simple ; parfois on savait qu'il fallait approcher à pas de loup, décocher les extensions une par une, prendre son temps... d'autres fois on savait qu'on pouvait y aller à la massue et on désactivait par kilos. Ce n'était pas purement logique, tout était question de doigté, de feeling... Une seule mauvaise pensée ("là je sens que je vais planter") pouvait vous renvoyer des kilomètres en arrière. Et puis on redémarrait, on reconstruisait le bureau, des fois même on passait Norton qui vous affichait un rapport de 120 pages sur toutes les pétouilleries qu'il avait trouvées, vous n'arriviez jamais à vous débarrasser complètement des certains problèmes d'arborescence, et vous redémarriez histoire de faire bonne mesure. C'était Photoshop qui vous posait le plus de problèmes rappelez-vous à quel point vous saviez, dans un instant d'absolue certitude que là, ça n'allait pas passer... Et quand vous plantiez hien, vous plantiez tout ! "Forcer à quitter", -- le truc le plus génial au monde depuis l'invention de la fermeture-éclair -- n'existait pas encore. La pause café tous les quarts d'heure parfois, quand un trop plein d'images lassait X-Press et qu'icelui vous envoyait balader. C'est sûr que vous n'étiez jamais en retard dans vos sauvegardes, avec votre disque toujours prêt à crasher de la plus belle des manières. Des disquettes (des quoi ?) utilitaires 2, vous en aviez des tiroirs pleins, cinq chez vous, trois au boulot ("ne jamais effacer sous peine de mort"). Et aussi cet espèce de parallépipède très lourd qui vous lisait des cartouches Syquest... Encore un peu et vous allez ressortir le Classic qui prend l'humidité dans votre cave, et appeler un ami pour dire à quel point son Apple 2 était... euh... mignon. "Tout l'automne à la fin n'est plus qu'une tisane froide", une tisane de feuilles mortes. Sentiment assez plaisant de macération suivant l'expression de Ponge dont je vais citer plus d'une ligne, comme Vendredi dans son trou (les Tournier sont à la cave, je n'ai plus en tête le nom du tunnel dans lequel il se réfugiait) ; le monde est gris, gris et marron et ce n'est pas désagréable, il se repose. Hibernons. Allez zou, le Ponge :

"La fin de l'automne Tout l'automne à la fin n'est plus qu'une tisane froide. Les feuilles mortes de toutes essences macèrent dans la pluie. Pas de fermentation, de création d'alcool : il faut attendre jusqu'au printemps l'effet d'une application de compresses sur une jambe de bois. "Le dépouillement se fait en désordre. Toutes les portes de la salle de scrutin s'ouvrent et se ferment, claquant violemment. Au panier, au panier ! La Nature déchire ses manuscrits, démolit sa bibliothèque, gaule rageusement ses derniers fruits. "Puis elle se lève brusquement de sa table de travail. Sa stature aussitôt paraît immense. Décoiffée, elle a la tête dans la brume. Les bras ballants, elle aspire avec délices le vent glacé qui lui rafraîchit les idées. Les jours sont courts, la nuit tombe vite, le comique perd ses droits." Francis Ponge, Le Parti pris des choses * Dix contre un que je vais recevoir une petite question en commentaire : "tu peux développer là ?"

Ecrit par Loutre, le Jeudi 23 Octobre 2003, 14:34 dans la rubrique Journal de bord.

Commentaires :

Coronis
23-10-03 à 20:29

Tu peux développer là ? ;)

 
Loutre
23-10-03 à 20:44

Re:

:)
:)
:)
Oui.
Je ne parle pas de pensées mais de la forme de la pensée. Bon. Dans la vie courante, une partie non négligeable de mes pensées (si j'en ai...) fonctionne par analogie. Jusque là, rien que de très normal. Eh bien je ne saurais le prouver, mais j'ai l'impression qu'une partie de cette sorte de syntaxe de la pensée est lié à mes habitudes informatiques. Peut-être une partie du tri des informations. Je ne sais pas l'expliquer parce que je n'ai absolument aucun mot pour le dire. Voyons, quelques exemples. T'est-il déjà arrivé, dans les moments où tu concentrais excessivement sur une seule et même chose (un orgasme, un problème de linguistique, que sais-je ?) de pouvoir saisir, par-derrière, si j'ose dire, une minuscule partie de la façon dont dont ta pensée fonctionnait, mais très, très en amont. Je ne parle pas de moments de relaxation ou de méditation hein, non, c'est tout autre chose. Un moment d'intense concentration où, les dents serrées, tu te vois envoyée ailleurs et complètement paradoxalement au coeur même de ce sur quoi tu te concentres ? Dans cet ailleurs là, et alors que tout ton être se rive, adhère, colle à ce qui va arriver, tu te retrouves dans une sorte de -- ah mais je ne sais pas moi, grille, réseau, métastructure.
Bon, je sais bien que ce n'est pas clair (probablement l'euphémisme du mois !)
Bien. Eh bien j'ai l'intuition qu'une petite partie de cette structure est lié à mon fonctionnement informatique.
Bon, d'un autre côté, c'est pas l'épiphanie de l'année non plus...
Et voilà... :)))