Grandir jusqu'à l'insulte
Il y a... (!!! faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais), il y a ce poème, qui me suit depuis mes 15 ans ; c'est de Jean (pas André hein, Jean) Breton :
Elle
Elle montrait ses poings au soleil Elle égratinait l'eau de ses ongles Elle frappait sur le dos du vent
Elle était grande comme une insulte et son corps ployait dans le vide
De noms imaginaires aussi doux que le cidre en vain l'ai-je appelée ma ville brune et mon audience, mon patrimoine mis à sac par une rosée en colère. Mon cœur tremblait comme une vitre. On ne met pas l'orage en cage sans fatigue.
Mais il m'est possible d'errer bouche folle et les mains serrées là où les pas de ceux qui nous aimèrent ont lentement pourri le sable. Quand je dis que le poème me suit, ça ne signifie pas que je me le récite tous les matins au café, ça veut dire que, parfois, à l'occasion de certains trains de pensées, il me revient en tête. J'ignore s'il s'agit d'un bon poème, à vrai dire, je m'en fous. Je ne l'ai donné à lire qu'à une seule personne, une jeune fille qui a brièvement et vaguement occupé mes pensées il y a quelques années de ça, et encore n'était-ce qu'à l'occasion, parce que j'avais trouvé le bouquin dans un stock d'éditeur (pour ceux que ça intéresse : Jean Breton, Chair et soleil, Le Cherche-midi, coll. "points fixes / poésie", 1985). Et euh, pourquoi ? Non rien, comme ça. J'ai parfois l'impression (ne riez pas vous là-bas, ça m'arrive hé oui) de grandir comme une insulte. Néanmoins la plupart du temps je me tiens là où mes pas pourrissent le sable, quant à l'errance, la vache, j'en connais un rayon. La forêt se colore doucement, plaisir de couleurs chaudes dans les trouées du soleil (ça, c'était dans la rubrique "vu du RER en rentrant cet après-midi", on ne dira jamais assez les vertus d'une bonne petite méditation dans le RER du retour...)
Elle
Elle montrait ses poings au soleil Elle égratinait l'eau de ses ongles Elle frappait sur le dos du vent
Elle était grande comme une insulte et son corps ployait dans le vide
De noms imaginaires aussi doux que le cidre en vain l'ai-je appelée ma ville brune et mon audience, mon patrimoine mis à sac par une rosée en colère. Mon cœur tremblait comme une vitre. On ne met pas l'orage en cage sans fatigue.
Mais il m'est possible d'errer bouche folle et les mains serrées là où les pas de ceux qui nous aimèrent ont lentement pourri le sable. Quand je dis que le poème me suit, ça ne signifie pas que je me le récite tous les matins au café, ça veut dire que, parfois, à l'occasion de certains trains de pensées, il me revient en tête. J'ignore s'il s'agit d'un bon poème, à vrai dire, je m'en fous. Je ne l'ai donné à lire qu'à une seule personne, une jeune fille qui a brièvement et vaguement occupé mes pensées il y a quelques années de ça, et encore n'était-ce qu'à l'occasion, parce que j'avais trouvé le bouquin dans un stock d'éditeur (pour ceux que ça intéresse : Jean Breton, Chair et soleil, Le Cherche-midi, coll. "points fixes / poésie", 1985). Et euh, pourquoi ? Non rien, comme ça. J'ai parfois l'impression (ne riez pas vous là-bas, ça m'arrive hé oui) de grandir comme une insulte. Néanmoins la plupart du temps je me tiens là où mes pas pourrissent le sable, quant à l'errance, la vache, j'en connais un rayon. La forêt se colore doucement, plaisir de couleurs chaudes dans les trouées du soleil (ça, c'était dans la rubrique "vu du RER en rentrant cet après-midi", on ne dira jamais assez les vertus d'une bonne petite méditation dans le RER du retour...)
Ecrit par Loutre, le Lundi 22 Septembre 2003, 18:20 dans la rubrique Journal de bord.