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Exercices de dissolution en sept tableaux
1. Dans la vague Être. Le soleil couchant couleur abricot face à toi, tu entres dans l’eau en courant. A ta gauche, la lune arbore fièrement son premier quartier ; elle s’élève, devient plus lumineuse. Les vagues s’enflent, la mer remonte ; les mouettes hurlent et foncent en piqué près de toi, si près que tu entends le sifflement de l’air sur leurs ailes. Tu sens à peine l’eau sur ta peau, l’air et l’océan sont à la même température. Il n’existe plus ni extérieur, ni intérieur, ni dedans, ni dehors, tu perds ton centre de gravité ou plutôt, celui-ci se déplace, se répand, t’abandonne en glissant sur ta peau. Tu plonges et tu te dissous dans la vague à moins que la vague ne se dissolve en toi, tu te fais cri, écume, algue, plancton, méduse, perdue ta misérable identité, ton corps malhabile inhabité, les métamorphoses s’accélèrent tu tourbillonnes sur toi-même en hurlant et tu deviens oiseau, poisson, loutre, tu remplis l’océan et l’océan se déverse en toi la vague exulte en toi il n’y a plus de mots

2. Dans le zen et l’entretien des bicyclettes Sous la lumière crue d’un matin d’août carnivore, on peut se dire qu’un vélo, exposé les entrailles en l’air, a tout d’une tortue sur le dos, sans que cette comparaison soit à prendre vraiment au sérieux. L’entretien annuel de cette vieille bicyclette grise est de l’ordre du rituel, à mi-chemin entre le sacré et l’apaisant, c’est un acte grave, propice à la méditation, qui ne laisse pas la moindre place à la fantaisie. Il ne s’agirait pas, par exemple, d’enlever la rouille avant de commencer à dégraisser, ah ça non. Le pot rempli de white spirit dans la main gauche, le pinceau dans la main droite, on retire tout d’abord méticuleusement toute la graisse rose dont les parties métalliques de la mécanique ont été couvertes l’année d’avant. Un chiffon convenablement tortillé permet d’atteindre les parties intimes de la bête, interdites au pinceau, tels que des éléments de la boîte de vitesse. Un mouvement rigoureux de va-et-vient avec ce même chiffon en lanière rend toute leur brillance aux axes des roues, des pédales, aux jantes. C’est doux et hypnotisant. L’étape du dérouillage est, comme son nom l’indique, assez pénible. Paille de fer ou toile émeri en main, il s’agit de traquer l’hydroxyde de fer, et sans pitié. Les rayons sont nettoyés méticuleusement, et ce toujours dans le même ordre et bien évidemment dans le sens des aiguilles d’une montre (il est strictement interdit de procéder widdershin). Côté gauche, côté droit, on en profite pour astiquer le garde-boue et admirer sa remarquable longévité par rapport à ces mêmes objets maintenant réalisés en un plastique blanc assez moche et éphémère. Un coup d’œil à l’arrière du porte-bagage vient tempérer ce bel optimisme : la rouille a gagné à cet endroit-là, et définitivement. Heureusement, les chambres à air vérifiées la veille sont intactes, et même encore un peu gonflées. Dévisser les petits bouchons, les petits machins sous les bouchons, relier la pompe à son tuyau, puis l’ensemble au petit bidule, ne plus penser du tout pour ne se plus préoccuper que du rythme (cent coups de pompe par pneu sont une bonne moyenne). Un coup d’éponge. Dans l’ensemble, Chronos aura été tendre une année encore avec l’amie à deux roues. 3. Dans la tendresse sans fard Pour les deux chatons de quinze jours recueillis par A. un dimanche matin, abandonnés dans un sac en plastique dans un fossé. Trouver une pharmacie de garde, acheter du lait maternisé pour chats, et c’est parti pour des journées rythmées par six biberons par jours, puis cinq. Ils ne boivent pas assez, ils sont constipés, ils ont attrapé le coryza, on fait déjà nos adieux aux chatons mais la véto est optimiste, et après quelques jours de piqûres, les boules de poils sont remises sur pattes. Sur pattes oui justement, puisqu’ils rampent joliment bien. Très vite, je ne me lève plus à deux heures du matin pour le dernier biberon. Le soir, je fais durer le temps qui s’étire jusqu’à minuit avant de plonger dans l’odeur chaude et sucré de ce lait dont je vais garder longtemps l’odeur sur les mains. Calins, ron-ron, premières découvertes vont scander nos jours et mes nuits. Très vite aussi, les miou miou de l’après-biberon se calment, remplacés par des jeux entre frère et sœur (ne pas avoir de dents n’est pas une raison pour ne pas mordre…). Ils dorment l’un contre l’autre, l’un sur l’autre. Et tout aussi vite, ils rampent mieux, puis marchent encore malhabiles, puis commencent à (essayer de) bondir. Grimpent sur nos pieds. Jouent à cache-cache. Quand je pars, Tigré mange presque tout seul et Grise s’essaie au jeu du bouchon. Je nous congratule a posteriori d’y avoir cru.

4. Dans les livres Le nabot mutant de Barrayar est de retour, assez fringuant, quoique marié. Des nouvelles de Bel Thorne aussi (c’est un spoiler !). Efficace, terriblement. Et euh… trop court, forcément (à nouveau : aujourd’hui, Journée Nationale de l’Adverbe en -Ment).

5. Dans le (re)sentiment Ça me pendait au nez, c’est arrivé, j'ai appris ça mardi. Ma gérontophile d’ex d’Ourse sort avec quelqu’un (pas avec Hyène Puante toutefois, il y a une nuance). Alléluia pour elle, moins pour moi qui suinte la jalousie par tous les pores. Histoire foireuse néanmoins a priori mais histoire quand même. Je fais quoi ? Je laisse tomber, je me bats, j’essaie de manipuler ce que je peux ? La peste soit des gamines en général et d’Ourse en particulier. Bon, j’avoue, ça ne me bouleverse pas tant que ça. Ça peut lui enlever Hyène Puante de la tête, à moins que sa non-histoire avec Hyène Puante ne foute la merde dans l’histoire présente, ou… ce que j’en sais, moi. Disons que je ne suis qu’à moitié bouleversée. Anyway, j’aurais foncé moi aussi, mais pas de risque que ça m’arrive ah ça non, inexistante je suis, inexistante je resterai, quoique bronzée, mais pas de risque qu’on me trouve appétissante. Grr. Personne pour me consoler ? Non, parce que ça commence à bien faire ; je poserai bien la tête sur l’épaule de quelqu’un, là, tout de suite. (La rentrée approche, j’ai peur, je déteste les rentrées quand je ne connais personne que je suis toute seule dans mon coin et que tout le monde se fait des bisous et qu’on ne me voit même pas les loutres sont des animaux sociaux.)

6. Dans les efforts des autres Grande journée au stade de Saint-Denis pour les mondiaux d’athlétisme, maux de gorge pour avoir trop crié, légère fièvre au retour. Blason d’Olga Kusenkova : Olga Kusenkova, je vous aime, vous, vos épaules, vos cuisses, la drôle de fossette en bas de votre dos, vos pommettes, votre nez drôlement retroussé, votre grain de beauté, l’arc de vos lèvres, le bout de langue rose que vous dardez après le lancer, votre maquillage, vos boucles d’oreilles, en blonde comme en rousse, je vous aime. Ah, le charme slave…

7. Dans l’espace Ne me réveillez pas avant 2287 et le retour de Mars. 55 758 000 km, une paille pour la voir tous les soirs, de plus en plus proche, de plus en plus rouge. A quoi pensaient les homo sapiens et les homo néanderthalensis il y a 59 618 ans en la voyant s'approcher de la Terre ? Mon rêve d'enfant ne se réalisera pas, je ne poserai jamais les pieds sur la surface de la planète rouge mais rien ne pourra jamais m'empêcher d'en rêver encore. Néanmoins, petite marsothêque inintégrale et par ordre d’intérêt : Kim Stanley Robinson, Mars la rouge, puis Mars la verte, puis Mars la bleue, puis Les Martiens, Presses de la Cité. Trois premiers volumes disponibles chez Pocket, c’est pas beau la vie ? Greg Bear, L’Envol de Mars, Laffont, coll. " Ailleurs & demain " Gregory Benford, Les Enfants de Mars, Presses de la cité Ben Bova, Mars, Fleuve Noir Brian Aldiss, Mars blanche, Métailié On peut se passer des trois derniers, et ne pas lire la nouvelle d’Aldiss parue dans le Libé d’hier. Mais on y reviendra.

Ecrit par Loutre, le Jeudi 28 Août 2003, 22:37 dans la rubrique Journal de bord.

Commentaires :

gima
12-09-03 à 23:59

chatons

et z'en sont ou les chatons?

 
Loutre
13-09-03 à 17:13

Re: chatons

Z'en sont qu'ils vont bien, merci de t'en préoccuper ! La Grise est depuis la semaine dernière chez sa maîtresse (qu'on avait déjà trouvée quelques jours après les avoir recueillis), son frère l'a un peu cherchée puis a trouvé une compagne de jeu fascinante, c'est-à-dire la (très grande) chienne. Jusqu'à présent, il n'en avait pas peur, parce qu'il ne s'était jamais assez reculé pour la voir en entier, mais maintenant qu'il est grand, elle lui fait un peu peur, il feule, ça déplaît à la chienne, elle grogne, il a peur donc il feule... Adopté définitivement par mon père, ma belle-mère et la chienne, donc !