Neuf pour les hommes mortels destinés au trépas
Ne jamais vendre la peau du gouffre...
Benoît M. est parti.
Sa compagne l'a retrouvé, mort, dimanche matin, devant son ordinateur.
Benoît, son immense sourire, son absolue gentillesse, son dévouement plus qu'admirable pour les élèves. Benoît, la tête dans les étoiles, les yeux pétillants de malice, qui savait si bien parler des astronomes de la Renaissance. Les cours de latin près des marronniers, sa silhouette dégingandée en salle des profs le matin, les vingt-six milliards de projets qu'il ne réalisera pas, et tout le reste. Je travaillais avec lui il y a quatre ans de cela. Nous nous échangions, même après cette année là, des séquences, des textes, des paroles de chansons, des idées, des délires. Et voilà même que, comme une idiote, j'ai perdu ses fabuleuses notes sur Tolkien, que je ne pourrai pas vous faire partager. Adieu donc, Benoît, dans le pays de Mordor où s'étendent les ombres.
Ecrit par Loutre, le Mercredi 25 Juin 2003, 00:01 dans la rubrique Journal de bord.