La Guerrière me faisait remarquer hier qu'on entendait souvent l'angoisse ici, foutre je lui dis mais c'est vrai, mais que veux-tu que je dise, et comment faire partager cette complétude, dire que la plupart du temps je me sens comblée, alors voui bah, une crise d'angoisse et demi de temps à autre, ben oui mais le reste, dire que le monde bruisselle et que nous bruisselons avec, dire le bruit dire le rire, dire le monde dans chacune de nos cellules baignées de lumière, nous dire inondés de soleil et rieurs au Jardin des Plantes à midi, nous dire dans la parole, nous dire au coeur de la nuit quand ah, dire que je peux difficilement ne pas me sentir comblée quand ses derniers mots sont bonne nuit mon amour et bonjour mon amour les premiers au matin, me dire éperdue parce que j'ai entendu ce matin ce que je n'aurais jamais cru entendre de sa bouche un jour et accepter la magnifique ironie du monde, dire ma main dans la sienne (ah, pas facile ça, à 40 piges, dire ma patte de loutre serrée dans la sienne...), bref, dire tout ça sans déparler et se baigner dans l'impermanence, dans l'éphémère et la fragilité, l'accepter en profiter s'étirer se baigner se rouler dans le présent et dans la heu, dans l'impensable fluidité du monde.

Voui. Alors oui évidemment les loups attaquent de temps à autre, pas les loups joueurs et duveteux de ma meute hein, mais les *loups* (ceux avec les yeux rouges) ils viennent en bande de l'espace profond les dents acérées, on se bastonne et puis ils repartent, soit que je les vainque à grands coups d'arguments-massue, soit que je patiente du genre demain il fera jour (les *loups* ont vachement peur de la lumière du soleil), soit qu'un coup de fil salvateur les fasse filer la queue entre les jambes en jappant comme des moins que rien.

C'est que la situation n'a rien d'évident mais j'aime ça, oh que j'aime ça, ce que je m'ennuierais si c'était facile, si par exemple il n'avait pas une vie avec quelqu'un ailleurs, hé, c'est que je ne veux rien de tous ces trucs conventionnels moi, j'imagine absolument pas ma vie à lui faire à bouffer tous les soirs :) et à l'entendre me raconter sa journée ou pire encore à lui raconter la mienne :)), faut pas déconner quand même je préfère les résumés en semaine A. Ma conception de l'équilibre à faire des entrechats sur le fil du rasoir, encore, surtout sur le bord de la falaise, et puis les falaises, pour le citer, ce n'est bon que pour prendre son envol, alors j'appelle je veux j'exige une révolution personnelle mentale et sociale qui ne me gêne pas aux entournures.

Alors ô ma Guerrière, si je parle davantage d'angoisse que d'amûûûr dans mon blog, c'est surtout parce que j'assume absolument pas devant ma meute d'avoir l'air complètement neuneu ;).