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Un pastiche de Ponge
Dans la densité des liens qui nous relient à la réalité on trouve souvent le marron, en automne il va sans dire mais parfois desséché l'été au fond d'une poche. C'est un petit monde astéroïde bizarrement biscornu, brillant comme le verbe sur le chaos, un univers infiniment dense et compact à l'extrême sous la trompeuse douceur de la peau.

Il importe de lui appliquer le net coup de pied qui fait râler les mères et se retourner les passants, et de suivre l'œil étonné ses rebonds sur la piste saoûle, puisque le marron est à l'évidence un exemple net d'une entropique présence au monde.

Et à la nuit tombée alors que s'allument les lumières de la ville et qu'une fine bruine efface les contours de la réalité, seulement alors le sortir de sa poche pour en apprécier le délicat auburn et du pouce en agacer longuement la rotondité.

Tout aussi bien on peut y planter des allumettes et le transformer en petit cheval de foire ; c'est tout un monde en résumé d'orgues de barbarie qui se dresse alors sous nos yeux.

Shapeshifter, ombre ronde dans la fumée à l'odeur de caramel, le marron est un petit métamorphe bossu.



Ecrit par Loutre, le Vendredi 5 Novembre 2004, 21:43 dans la rubrique Journal de bord.