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"... tandis que s'y ruaient les incidentes s'ouvrant sur d'autres incidentes"
Ça, ça, ça ! Oui, ça ! (Et même pas reconnu par OP, non ah que non, mais respectueusement tapé.)

"In this tree-dimensional flatland of ours, words flow forward and only hang fire of their meaning so pitiably short a time, while memories flow hindwards with such a pitiably feeble capacity to hold themselves in full present awareness. Our illusion of the present is like a single dot on a graph we can never get to see the whole of. [...] The jagged inkdrip of a thought recorded by the electroencephalograph pen. Last night he had understood Roussel's poem easily, effortlessly, and entirely. He held its embeddings in the forefront of his head. Held and held and continued to hold, while subprogramme after subprogramme started in, deferred to the next subprogramme, and sub-deffered again — and everything fitted together. Visual images of the embedded poem flowed within one another, all held together in a wheeling zodiac that spun round the deepest self-embedded axis in his mind."

"Dans ce plat pays tridimensionnel qui est le nôtre, les mots lancés ne brillent du feu de leur sens que dans un laps de temps dérisoire et les souvenirs s'effondrent à contre-courant, tant est dérisoire la force qui les maintiendrait dans la conscience du présent. Notre illusion du présent n'est que le trait isolé d'un graphique dont l'ensemble ne nous est jamais donné à voir. [...] Le point d'inscription saccadé d'une pensée enregistrée par la plume d'un encéphalogramme. C'est au cours de cette nuit passée que, sans effort, il avait compris le poème de Roussel. Il avait maintenu ouverte sur le devant de sa pensée la structure enchâssée. L'avait maintenu sans défaillir tandis que s'y ruaient les incidentes s'ouvrant sur d'autres incidentes qui elles-mêmes s'ouvraient sur d'autres incidentes jusqu'à ce que l'ensemble soit en place. Les images — il les avait vues — du poème enchâssé se coulaient les unes dans les autres, réunies en un cercle zodiacal qui tournait autour de l'axe le plus profondément enchâssé de son esprit. " (Trad. Didier Pemerle.)


C'est issu — j'en ai déjà parlé, et j'en reparlerai —, (me revient à la mémoire ici, dix ans plus tard, une longue discussion avec Dominique B. sur l'utilité ou non de la ponctuation après le tiret long des incidentes : théoriquement non obligatoire et même interdite, la virgule aurait plutôt ici une fonction esthétique voire le presque rien/tout qui sépare l'intention de la réception : c'est une virgule qui signifie "quitte à se rouler dans les incidentes, autant bouffer des pâquerettes : je fais ce que je veux", surtout avant une parenthèse, c'est quand même légèrement redondant) je parle, donc, de l'Enchâssement de Ian Watson, dont les références doivent être encore quelque part en bas de la colonne de droite. Merci encore, J., de me l'avoir déniché en français, que la Déesse te serre dans ses bras tout doux (te connaissant, ce serait plutôt le Jéhovah de James Morrow !) et honte sur vous, les trois personnes qui ne m'avez jamais rendu les exemplaires que je vous avais prêtés.

Et contrairement aux apparences je n'ai rien fumé rien bu et seulement mangé des pois chiches (et passé un temps infini à refermer des balises bien planquées) : c'est juste que les mots ce soir se lovent en masses les uns contre les autres, c'est un peu dégoûtant mais c'est juste compulsionnel, n'allez pas imaginer une allégorie ou quelque autre saloperie, c'est juste que je les imagine comme de grosses, mais alors très grosses limaces sur une scène. Faudrait que j'arrête le mélange entre les auteurs du XVIIe, Lauren K. Hamilton et la sf des années 70, ça me va pas au teint.

Ecrit par Loutre, le Lundi 4 Octobre 2004, 20:39 dans la rubrique Journal de bord.