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Le baiser des ombres
On aurait tort de ne pas lire Le baiser des ombres, de Laurell K. Hamilton, sous prétexte que le titre est débile, la 4e de couv. racoleuse et le nom de l'auteur ridicule (ça fait beaucoup de prétextes, il faut dire). Parce que c'est un excellent petit bouquin. Techniquement parlant, c'est de la dark fantasy, même si ça se rapproche pas mal du fantastique érotique, avec certains aspects uchroniques. (Ouaip.) Ce n'est pas très original, ça fonctionne sur des cordes bien connues, mais il y a de jolies scènes de cul aussi, pas d'un érotisme transcendant mais ça passe bien. Allez, plutôt qu'un long discours, un extrait. (On remercie une fois de plus OmniPage, apparemment complètement débarrassé du sortilège qui l'empêchait de reconnaître quoi que ce soit.)

Je répondais à la terre car elle était heureuse de me voir revenir et, pour la première fois de ma vie, je la sentais vibrer et me souhaiter la bienvenue.

Ouvrant les bras, je m'offris à la nuit et le vent ne souffla pas sur moi mais à travers moi comme si j'étais devenue arbre parmi les arbres du bosquet, et non plus un obstacle qu'il lui fallait franchir. Je sentais le mouvement de la nuit, la course et la fuite de toute chose. Sous mes pieds, le sol s'ouvrit en d'inimaginables profondeurs et, un court instant, je sentis le monde tournoyer. Je sentis sa lente et pesante course autour du soIeil alors que je restais solidement plantée dans l'humus, retenue par des racines enfoncées au cœur de la terre vivante. Ces racines étaient la seule chose solide en moi car le vent me traversait comme si je n'avais pas été là. Je savais que j'aurais pu m'envelopper du manteau de la nuit pour devenir invisible aux yeux des mortels. Mais, pour le moment, je n'avais pas affaire à des mortels.

J'ouvris les yeux en souriant. Colère, confusion, tout avait disparu, balayé par le vent à l'odeur capiteuse de feuilles mortes, comme si je pouvais sentir ces choses que le vent n'avait qu'à demi rêvées. De cette nuit farouche naissait une magie indomptée, à portée de qui la percevait. Celui qui en avait le pouvoir pouvait arracher la magie de la Terre mais la Terre était rebelle à qui en usait avec désinvolture. On finissait toujours par regretter d'avoir forcé les éléments. Pourtant, certaines nuits, ou certains jours, la Terre se donnait telle une femme offerte aux bras de son amant.

J'acceptai son invitation. J'abaissai mes barrières et sentis le vent m'éparpiller comme un nuage de poussière dans la nuit. Mais ce qu'elle me laissa, elle le combla de mille autres faveurs. J'abandonnai une partie de moi-même à la nuit et la nuit m'emplit, la Terre m'étreignit, se faufilant sous la plante de mes pieds, comme si elle nourrissait un arbre, tranquillement, totalement.

Sur le moment, je ne sus trop si je devais bouger, de peur de rompre le charme. Le vent tourbillonnait autour de moi, fouettant mes cheveux sur mon visage, m'enivrant de son odeur de feuilles brûlées, et je me mis à rire. Je marchai sur le chemin de pierre et, à chaque claquement de mes talons, la Terre bougeait avec moi. J'avançai à travers la nuit comme si je nageais dans le courant du pouvoir.


Valà. C'est chez Pocket, ça coûte 7 € 41 et la suite est publiée au Fleuve. La suite demain parce que je vais vraiment être très en retard (avec copine V. on se file des rencarts devant la voyante de Denfert, surtout depuis qu'elle a quitté son astrologue) (comment ça, ça n'intéresse personne ?).


Ecrit par Loutre, le Vendredi 3 Septembre 2004, 19:25 dans la rubrique Journal de bord.