Imbolc ou l'autre versant de l'hiver
Il arrive.
Il ne s'agit plus que d'attendre.
Je n'y ai cru qu'à moitié jeudi après-midi, mais C.-elle* m'a depuis confirmé qu'elle l'avait senti elle aussi. Et hier, malgré la pluie, j'ai encore reconnu sa présence, discrète mais claire, encore fragile et tenue, quelques notes égrénées tout au plus, et pourtant évidente.
Bien sûr il gèlera à nouveau, bien sûr il y aura encore de ces aubes mornes au parfum écoeurant comme celui d'un cadavre les mains jointes dans une chambre funéraire, bien sûr il y aura encore la nuit épaisse s'attardant sur les déchetteries de banlieue et l'odeur âcre des rails et les gouttes glacées dans le cou et les doigts gourds sur les cigarettes maladroitement roulées, mais c'est une certitude qui se chuchote au coeur secret des arbres, sous la terre et dans les courants chauds de la neige : l'hiver, le vieil hiver a atteint son point de non-retour.
Et les marronniers obstinés vont recommencer à déplier leurs feuilles, la glycine sur la fenêtre dira sa joie en d'exubérants foisonnements et le lierre chaque matin exhibera de délicates formes d'un vert totalement improbable, et dans la forêt bientôt pointeront les crosses aveugles des fougères. Déjà au jardin des plantes cet après-midi, tout ce qui était exposé au sud ou à l'ouest portait bourgeons, recouverts il est vrai qui d'une épaisse peau vert-carmin, qui d'une solide gangue. Mais tout ceci appartient encore à l'avenir.
Pour le moment seuls importent le soulagement, le souffle ; et même si le soleil tout embrumé de gaze hésite encore à dessiner les ombres sur le sol, les signes encore flous ne peuvent tromper. Ce n'est plus un sursit, c'est une certitude : nous marchons sur l'autre versant de l'hiver.
* Un jour on m'expliquera pourquoi tant de mes amis ont un prénom ou un surnom commençant par C., d'où les quiproquos et le pronom personnel.
Il ne s'agit plus que d'attendre.
Je n'y ai cru qu'à moitié jeudi après-midi, mais C.-elle* m'a depuis confirmé qu'elle l'avait senti elle aussi. Et hier, malgré la pluie, j'ai encore reconnu sa présence, discrète mais claire, encore fragile et tenue, quelques notes égrénées tout au plus, et pourtant évidente.
Bien sûr il gèlera à nouveau, bien sûr il y aura encore de ces aubes mornes au parfum écoeurant comme celui d'un cadavre les mains jointes dans une chambre funéraire, bien sûr il y aura encore la nuit épaisse s'attardant sur les déchetteries de banlieue et l'odeur âcre des rails et les gouttes glacées dans le cou et les doigts gourds sur les cigarettes maladroitement roulées, mais c'est une certitude qui se chuchote au coeur secret des arbres, sous la terre et dans les courants chauds de la neige : l'hiver, le vieil hiver a atteint son point de non-retour.
Et les marronniers obstinés vont recommencer à déplier leurs feuilles, la glycine sur la fenêtre dira sa joie en d'exubérants foisonnements et le lierre chaque matin exhibera de délicates formes d'un vert totalement improbable, et dans la forêt bientôt pointeront les crosses aveugles des fougères. Déjà au jardin des plantes cet après-midi, tout ce qui était exposé au sud ou à l'ouest portait bourgeons, recouverts il est vrai qui d'une épaisse peau vert-carmin, qui d'une solide gangue. Mais tout ceci appartient encore à l'avenir.
Pour le moment seuls importent le soulagement, le souffle ; et même si le soleil tout embrumé de gaze hésite encore à dessiner les ombres sur le sol, les signes encore flous ne peuvent tromper. Ce n'est plus un sursit, c'est une certitude : nous marchons sur l'autre versant de l'hiver.
* Un jour on m'expliquera pourquoi tant de mes amis ont un prénom ou un surnom commençant par C., d'où les quiproquos et le pronom personnel.
Ecrit par Loutre, le Dimanche 1 Février 2004, 21:42 dans la rubrique Journal de bord.
Commentaires :
Re:
Béh Althéa, je croyais que tu ne me lisais pas parce que c'était trop sombre :)... On fêtera bientôt ensemble cet autre versant de l'hiver, et pas avec de l'huile avariée.
althéa
04-02-04
à 21:54
Shanon
04-02-04
à 18:06
Oui c'est très joli !
Dans mon jardin il y a déjà des pervenches et bientôt les lilas vont fleurir...aujourd'hui il fait 21 ° .... merveilleux !
Dans mon jardin il y a déjà des pervenches et bientôt les lilas vont fleurir...aujourd'hui il fait 21 ° .... merveilleux !
devant la fenêtre du drive,
alors que je prenais les commandes des prolos du dimanche,
me narguaient les premières paquerettes!
c'est exactement ça, l'autre versant! Pensée de 13H!
même les odeurs d'huiles avariées ne pourront rien gacher!
Merci Loutre!